Lettre ouverte d’un.e LGBTQIA+ en France en 2023.

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Être LGBTQIA+ et avoir 43 ans en 2023 en France me donne souvent l’impression d’être un.e survivant.e parmi des fantômes.

À cause de ces parents, éduqués eux-mêmes par des hétéros, qui ne tolèrent pas “ça” chez eux. Qui, parce qu’ils ont le pouvoir, les ressources, les contacts, considèrent leur enfant comme un bien, un investissement, se permettent de le suicider, qu’il ait un accident de chasse, de randonnée ou domestique…

À cause de ces parents qui se font de l’argent sur cet enfant pas assez ceci ou trop cela, bien trop différent de leur norme hétéropatriarcale, qui le vendent à des pédo-criminels, le donnent en pâture à des organismes religieux pour le convertir, le poussent à la haine, au viol de soi et des autres, comme “ça”.

Certains homophobes sont des personnes comme “ça”, simplement hétéronormées… Issues de milieux favorisés ou défavorisés, disposant de pouvoir, de richesses, ou sans rien, vivant dans la pauvreté, mais avec l’injonction sous-jacente à l’hétéronormativité.

Combien de personnalités politiques sont des personnes comme “ça”, qui ont voté contre le mariage pour tous.tes, contre l’adoption pour tous.tes, contre notre droit au bonheur…

Nos identités sexuelles sont politiques. On nous a laissé crever pendant les années SIDA. On nous laisse nous suicider sans broncher depuis, alors qu’il est connu et reconnu qu’en tant que personnes LGBTQIA+, nous sommes prédisposé.e.s à nous supprimer. Parce que la pression sociale et étatique est celle de l’hétéronormativité.

L’état pourrait prendre des mesures pour soutenir notre communauté comme elle en prend à l’égard des violences faites aux femmes. Ouvrir un numéro vert, mettre à l’abri et accompagner les enfants concernés, mettre en place une médiation avec les familles, et poursuivre en justice les plus réfractaires.

Avec comme résultat ne serait-ce qu’1% des bourreaux condamnés, cela permettrait enfin de faire baisser notre taux de suicide. En commençant à nous écouter, nous protéger, afin qu’une partie de nos adelphes, même minime, puisse survivre à cet harcèlement, ce déni.

Bref, Lucas et tous les autres qui ont traversé cette vie, je pense à vous, à nous et à celles et ceux d’entre nous qui vous rejoindront puisque cette cause est malheureusement encore et toujours une non-priorité pour la classe politique.